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« De 1891 à 1893, François Lavallée construit une maison monumentale, style victorien,

toit mansart (sic) ; la partie ouest abrite un magasin général. »

 

Le carré rectangulaire est impressionnant ; il est de trente-sept pieds sur soixante-dix-huit. Ainsi, la maison Lavallée se classe au premier rang parmi toutes les maisons longues qui constituent notre patrimoine bâti. C’est une structure de bois équarri à la hache, pièce sur pièce, recouverte de planches verticales, et sur laquelle s’appuie le mur de brique. Ce carré repose sur un imposant solage de pierre. La cave est le résultat d’une excavation faite dans le tuf. Les lucarnes empruntées au style palladien et la porte principale ne cèdent en rien aux résidences des notables habitants des villes.

 

Successivement, François Lavallée construit un hangar, plutôt une espèce d’entrepôt.

 

Au rez-de-chaussée : moulées, tôle, papier goudronné, broche à clôture, chaux, ciment et brique. A l’étage : lits, matelas, sets (sic) de cuisine — sets (sic) de chambre à coucher, chaises, sofas. Puis, le marchand général construit une grange, ensuite il construit une étable pour loger ses chevaux et ceux qu’ils commercent.

 

Finalement, après 1903, François Lavallée construit un grand hangar qui comprend trois étages et fait 30 pieds sur 90 pieds ; un pont couvert le relie au magasin au niveau du deuxième plancher.

 

Vers 1910, dans ce hangar qui a plutôt l’allure d’un deuxième magasin général, trois commis y travaillent : François Cloutier, Maurice Lavallée et Maxime Fortin.

 

Ce que les habitants peuvent acheter dans ce hangar ? Voici un inventaire dressé en 1993 par son petit-fils, Jean-Luc Lavallée :

 

Au premier plancher : toute la quincaillerie, tous les articles de plomberie, peinture, huile, vitres, miroirs, moulures pour cadres, fusils pour le petit et le gros gibier, cartouches.

 

Au deuxième plancher : toute l’épicerie, boîtes de conserve, thé, café, épices, pois en vrac, farine, sucre, mélasse, vinaigre, ketchup, oranges et pamplemousses (aux temps des fêtes seulement, car c’était du luxe).

 

Au troisième plancher, le département des hommes : habits, chemises, habits de travail, bottes d’ouvrage, souliers, cravates, sous-vêtements d’été et d’hiver, chapeaux melons (sic) ou à haute-forme.

 

Le magasin jumelé à la maison comprend deux étages ; il contient la marchandise sèche :

Au premier plancher : étoffe à la verge, la pharmacie : aspirines, sirop Lambert, remèdes de l’abbé Warré, thermomètres, amplâtres (sic), iode, le matériel scolaire. Aussi, une vitrine pour les bijoux pour les fiançailles et les mariages : bagues, joncs, épingles, bracelets.

 

Au deuxième plancher : le département des dames : robes, bas, chapeaux, prêt-à-porter ou sur mesure, car là travaille une modiste de chapeaux ; une dame Fraser qui agit aussi en qualité de commis sur l’étage ; puis Antoinette Desjardins de Trois-Pistoles, finalement, Germaine Caron.

 

Y-a-t-il (sic) quelque chose que François Lavallée ne vend pas ? C’est non seulement le plus important magasin général de Saint-Jean-Port-Joli, mais aussi des paroisses voisines. Vers 1912, François Lavalllée embauche Léo Legros ; ce dernier demeurera à l’emploi des Lavallée pendant plus de cinquante ans. »

 

Pendant près d’un siècle (1893-1987), la famille Lavallée tient négoce : François, Jean-Thomas et Guy.

 

Vers la fin des années 60, le magasin général cesse ses activités. Guy Lavallée, fils de Jean-Thomas, fait démolir les hangars, construit un autre entrepôt annexé à l’arrière et réaménage l’ancien magasin qui deviendra la première succursale de la Commission des liqueurs pendant près de 12 années. Par la suite, diverses activités se dérouleront dans les espaces commerciaux du bâtiment.

 

En septembre 1987, Jeannine Caron achète la résidence Lavallée. Elle la réaménage de fond en comble pour y accueillir des personnes retraitées et ce, pendant près de vingt ans.

 

En 2000, la propriétaire donne au deuxième étage une vocation de gîte du passant et restaure entièrement cet espace, en prenant soin de préserver son caractère d’époque ; le Gite de la Belle Époque prend alors naissance.

 

En 2007, des travaux majeurs sont entrepris afin de restaurer tout l’immeuble et y faire revivre et partager le patrimoine des bâtisseurs d’antan. Dès ce moment, la résidence Lavallée cesse ses activités d’accueil de personnes âgées et devient désormais La Belle Époque, une auberge de type « B & B » pour une clientèle touristique à la recherche d’un lieu riche en histoire.

 

Extraits de « C’était hier » d’Angéline Saint-Pierre (1994) et « Hommage aux bâtisseurs » d’Angéline Saint-Pierre (2003).

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